Les marmas, portes subtiles de l’âme

L’origine des marmas remonte aux alentours de 6000 ans avant J.-C. en Inde du Sud. Un des tout premiers témoignages de l’existence de ces points remonte au Rig-Veda, un des quatre écrits sacrés qui servirent de fondement à l’ayurvéda. Les points ont ensuite été cartographiés en détail dans le Sushruta Samhita, le grand traité de médecine et chirurgie ayurvédique.
Le terme marma signifie secret, caché. Effectivement, cette science a longtemps été gardée secrète et souvent transmise de maître à élèves – et aux seuls élèves que les maîtres jugeaient aptes à recevoir cette connaissance.

Les marmas sont une science complexe au caractère sacré. Leur apprentissage nécessite non seulement une bonne connaissance de l’ayurvéda, mais aussi une préparation physique, mentale et spirituelle. Elle est certainement l’ancêtre de l’acupuncture et agit non seulement sur les troubles physiques, mais aussi au niveau du mental et des émotions.

L’objectif premier est d’équilibrer les trois doshas, ou forces élémentaires, que sont vata (l’air), pitta (le feu) et kapha (l’eau), dont l’équilibre est le garant d’une bonne santé. Effectivement les facteurs tels que l’anxiété, l’alimentation médiocre ou de mauvaises habitudes de sommeil provoquent des déséquilibres des doshas et au fil des ans, des dysfonctionnements commencent à bloquer la libre circulation de l’énergie dans le corps. La pratique des points marmas permet donc de nettoyer l’énergie bloquée.

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Les points marmas, de taille variable et au nombre de 107, sont situés le long des canaux d’énergie nommés nadis. Ils se trouvent, réellement, dans la profondeur de l’organisme. Ils ont tous un nom, une fonction spécifique et une dimension qui leur est propre. Ainsi chaque marma a une manière d’être touché et sollicité. Quand l’énergie d’un organe ou d’une partie du corps est perturbée, le marma correspondant peut être douloureux ou sensible au toucher.
Les marmas sont des zones de rencontre entre le corps, la matière et la conscience. Ce sont donc des points fragiles, très sensibles, à ne manipuler qu’avec prudence et justesse, telles des portes que l’on doit pousser avec modestie et respect.

« Un marma est un lieu de rendez-vous, là où la conscience rencontre le corps. »

Les marmas sont reliés entre eux par des canaux d’énergie appelés nadis. On en dénombre 72 000, dont 14 principaux. L’énergie vitale qui circule dans les nadis est appelée prâna. Par définition, un point marma est un endroit sur le corps où deux ou plusieurs types de tissus se rencontrent : muscles, veines, ligaments, os, articulations.

Pour la pratique des marmas, l’état du praticien est primordial. Une préparation est donc nécessaire pour être dans un état de calme et de paix intérieure. Elle est essentielle pour que le souffle, prâna, puisse circuler librement dans tous les nadis.

Dans une approche de bien-être, la pratique des points marmas permet une profonde détente. La qualité de présence, l’ancrage et la respiration sont indispensables pour que la subtilité du toucher du praticien puisse répondre au besoin de la personne. Celui-ci pourra, humblement, accueillir dans ses mains le souffle de vie et pratiquer avec celui-ci. Dans cette dimension, respectueuse de la personne massée, le bien-être peut émerger de ce corps qui s’abandonne. Quand tout est harmonie dans le corps, quand tout circule normalement, alors le mental se calme, la paix intérieure s’installe et une joie profonde apparaît.

RÉFÉRENCES

• Ayurvéda et marmathérapie : les points d’énergie dans la médecine ayurvédique, de David Frawley, Subhash Ranade et Avinash Lele, aux éditions Véga.

• La Science secrète des marmas de Kiran Vyas, aux éditions Recto-Verseau

Source

Par  Etienne GOBIN / paru dans La Massagère / Numéro 14 / 2013.